Les appareils utilisés en radiothérapie peuvent délivrer plusieurs types de rayonnements ionisants.
Ils peuvent Ă©mettre:
LâĂ©nergie cinĂ©tique de ces particules se calcule avec la formule suivante :
Remarque 1 : Certaines particules sont obtenues Ă partir de la dĂ©sintĂ©gration dâĂ©lĂ©ments radioactifs ou radioĂ©lĂ©ments, produits ou naturels. Câest le cas par exemple de lâiode 131 qui en se dĂ©sintĂ©grant Ă©met dans un premier temps un rayonnement de type ÎČ- :
Remarque 2 : Un autre type de particules est actuellement en cours de test : les ions carbone. Un centre spécialisé en carbonethérapie (hadronthérapie) pourrait prochainement ouvrir ses portes à Lyon : le centre Etoile.
Il peut sâagir de rayons Îł (gamma), X ou de photons. Leur longueur dâonde ? courte leur confĂšre une Ă©nergie trĂšs importante et un pouvoir de pĂ©nĂ©tration dans les tissus pouvant aller jusquâĂ plusieurs dizaines de centimĂštres. Ces ondes nâont ni masse ni charge. Leur Ă©nergie se calcule avec lâune des deux formules suivantes :
Principe gĂ©nĂ©ral : Lâionisation survient lorsque des rayonnements incidents transfĂšrent assez dâĂ©nergie Ă des atomes cibles pour leur arracher un ou des Ă©lectrons. Les atomes privĂ©s de certains de leurs Ă©lectrons se trouvent alors chargĂ©s positivement tandis que dâautres atomes voisins accueillent ces Ă©lectrons et se chargent nĂ©gativement. On assiste ainsi Ă la formation dâions positifs et nĂ©gatifs. Des rayonnements capables de provoquer de telles rĂ©actions sont dits ionisants.
Quels phĂ©nomĂšnes physiques sont observĂ©s lorsquâun atome cible est soumis Ă une radiation ?
âșIonisations envisagĂ©es lors dâune interaction « photon â matiĂšre (atome cible) »
ïŹLâeffet photoĂ©lectrique
Lâeffet photoĂ©lectrique dĂ©signe lâĂ©mission dâĂ©lectron(s) par un atome soumis Ă des photons dont lâĂ©nergie apportĂ©e (EI = h nu) dĂ©passe lâĂ©nergie de liaison (EL) de lâĂ©lectron au noyau de lâatome cible. Par exemple, pour lâatome dâoxygĂšne, lâĂ©nergie de liaison de la couche K est de lâordre de 1 keV (1 000 Ă©lectronvolts)
Si l'Ă©nergie du photon incident est infĂ©rieure Ă l'Ă©nergie de liaison dâun Ă©lectron de la couche K mais supĂ©rieure Ă l'Ă©nergie de liaison dâun Ă©lectron de la couche L, alors l'effet photoĂ©lectrique se produit avec un Ă©lectron de la couche L.
Dans lâexemple donnĂ© ci-dessous, un atome dâaluminium absorbe un photon gamma (Îł). Un Ă©lectron de la couche K se trouve Ă©jectĂ©.
Cet atome qui vient de perdre un Ă©lectron se trouve excitĂ© et trĂšs instable. Pour combler cette lacune, une rĂ©organisation du cortĂšge Ă©lectronique va avoir lieu. Un Ă©lectron dâune couche plus externe (L dans notre exemple) va alors occuper la lacune laissĂ©e par lâĂ©lectron Ă©jectĂ© (couche K). Lors de cette transition, un photon de fluorescence (X) ou un autre Ă©lectron encore plus pĂ©riphĂ©rique (Ă©lectron Auger) peuvent ĂȘtre Ă©mis.
ï”Lâeffet Compton
Un photon incident interagit encore ici avec un électron, mais cet électron a une énergie de liaison beaucoup faible que celui impliqué dans l'effet photoélectrique.
Lâeffet Compton se caractĂ©rise par lâĂ©jection dâun Ă©lectron associĂ© Ă lâĂ©mission dâun photon (photon diffusĂ©) suivant une direction dĂ©fini par un angle particulier.
LâĂ©nergie du photon incident (EI) absorbĂ©e se rĂ©partit donc entre l'Ă©lectron Ă©jectĂ© (Ec) et le photon diffusĂ© (E).
Lorsque l'énergie du photon incident augmente, l'énergie cinétique emportée par l'électron Compton devient de plus en plus importante par rapport à celle du photon diffusé.
Remarque : Lâeffet photoĂ©lectrique et lâeffet Compton conduisent tous deux Ă un phĂ©nomĂšne dâionisation. Cependant, lâeffet Compton doit ĂȘtre maĂźtrisĂ© et limitĂ© pour Ă©viter des Ă©missions dâĂ©lectrons dans des directions non souhaitĂ©es et dangereuses aussi bien pour les patients que pour le personnel mĂ©dical.
âșscĂ©narios envisagĂ©s lors dâune interaction « électron (particule) â matiĂšre (atome cible) »
A la suite de collisions avec les atomes cibles du milieu traversĂ©, des Ă©lectrons dĂ©livrĂ©s lors dâune radiation de type ÎČ- interagissent avec les Ă©lectrons ou le noyau de ces atomes.
ï interaction Ă©lectron â Ă©lectron :
Deux cas de figure peuvent se présenter :
Remarque : EL â EM correspond Ă la diffĂ©rence des Ă©nergies de liaison entre les couches Ă©lectroniques L et M dans cet exemple.
ïŸ interaction Ă©lectron â noyau :
Lorsque lâĂ©lectron incident passe Ă proximitĂ© dâun noyau, il subit un freinage liĂ©e Ă une force dâattraction exercĂ©e par le noyau chargĂ© positivement. LâĂ©nergie cinĂ©tique perdue lors de ce freinage sâaccompagne de lâĂ©mission de rayons X. Ce phĂ©nomĂšne peut ainsi se rĂ©pĂ©ter jusquâĂ dissipation totale de lâĂ©nergie cinĂ©tique initiale.
âș LâADNÂ :
Chaque brin dâADN est composĂ© dâune suite de nuclĂ©otides comprenant chacun une base azotĂ©e (adĂ©nine, thymine, cytosine ou guanine), un sucre cyclique Ă 5 carbone et un groupement phosphate. En fonction de lâĂ©nergie transmise, une irradiation peut engendrer tout dâabord des ruptures de liaison. Ce qui peut entraĂźner des cassures des brins dâADN ou la perte de bases azotĂ©es. Dâautre part, une irradiation peut crĂ©er de nouvelles liaisons. Ainsi, une base peut sâassocier Ă une nouvelle molĂ©cule ou Ă une autre base. On parle alors de pontage.
Le nombre et le type de lĂ©sions dĂ©pendent de lâĂ©nergie dĂ©posĂ©e dans les tissus par les rayons ionisants. En radiothĂ©rapie, la « dose de rayonnement » reçue sâexprime en « grays » (Gy). Un gray correspond Ă une Ă©nergie de 1 joule absorbĂ©e par 1 kilogramme de matiĂšre.
DâaprĂšs les informations publiĂ©es sur le site de la facultĂ© de mĂ©decine de Montpellier, une dose de 1 Gy reçue au sein de lâADN dâune cellule entraĂźne :
âș La radiolyse de l'eau :
Lâessentiel de la matiĂšre biologique est reprĂ©sentĂ© par lâeau (70% de la masse du corps dâun adulte). Sous lâeffet des rayonnements ionisants, la molĂ©cule dâeau se dissocie en moins de 10-12 s pour former des radicaux libres. On parle alors de radiolyse.
Un radical libre est une espĂšce chimique (atome, molĂ©cule, fragment de molĂ©cule) comportant un ou plusieurs Ă©lectrons non appariĂ©s sur sa couche externe. La rĂšgle de lâoctet nâest alors pas respectĂ©e. La prĂ©sence dâĂ©lectron(s) cĂ©libataire(s) confĂšre Ă ces espĂšces chimiques une grande instabilitĂ© et donc une haute rĂ©activitĂ© avec dâautres molĂ©cules le plus souvent non spĂ©cifiques.
Ces radicaux libres tendent Ă capturer un Ă©lectron afin de restabiliser leur cortĂšge Ă©lectronique en un temps trĂšs court.
Suivant lâĂ©nergie transfĂ©rĂ©e par les radiations aux molĂ©cules dâeau, on peut assister Ă Â :
La radiolyse est un facteur destructeur du fonctionnement cellulaire, car la plupart des processus du vivant dĂ©pendent de lâeau ou impliquent la participation de molĂ©cules dâeau. La radiolyse de lâeau va entraĂźner la formation de nombreux radicaux libres qui vont hautement rĂ©agir avec les lipides, les protĂ©ines, lâADN⊠des cellules. Ces rĂ©actions vont donc modifier les propriĂ©tĂ©s des molĂ©cules engagĂ©es dans ces rĂ©actions. La structure et le mĂ©tabolisme cellulaire vont alors ĂȘtre fortement impactĂ©s.
Ce premier phĂ©nomĂšne est amplifiĂ© par les lĂ©sions subies directement par lâADN lors de son irradiation. Si la cellule ne rĂ©pare pas ces altĂ©rations, la succession des nuclĂ©otides et la structure en double hĂ©lice de lâADN se trouvent alors modifiĂ©es. Des mutations surviennent. La lecture et lâexpression du code gĂ©nĂ©tique sont alors perturbĂ©es ou bloquĂ©es. Ce qui conduit le plus souvent Ă lâactivation de gĂšnes impliquĂ©s dans le phĂ©nomĂšne dâapoptose (mort cellulaire programmĂ©e).
Le schĂ©ma suivant permet de rĂ©sumer schĂ©matiquement ces deux modes dâaction associĂ©s :
C'est précisément grùce à ces propriétés que les rayonnements ionisants sont utilisés pour détruire les cellules cancéreuses.
Remarque : La radiothérapie produit des effets biologiques aussi bien sur les tissus sains que tumoraux. La capacité de réparation de ces lésions est plus importante pour les premiers que pour les seconds. L'efficacité de la radiothérapie est donc basée sur cet effet différentiel.
Au sein des tissus vivants, le parcours des rayonnements ionisants varie suivant le type et lâĂ©nergie des radiations Ă©mises.
Les particules (α, Ă©lectronsâŠ) sont freinĂ©es Ă chaque collision. Quand la particule devient lente en fin de parcours, elle passe davantage de temps pour traverser un atome. Elle a donc plus de chances d'interagir et de lâioniser Ă ce moment-lĂ . Lâionisation des tissus devient donc plus intense Ă la fin du trajet de ces particules.
En revanche, les photons (X, ÎłâŠ) vont avoir des parcours plus longs et plus pĂ©nĂ©trants. En effet, ils nâont ni masse ni charge. Ils ne subiront donc pas de freinage mais des absorptions successives. Lâionisation des tissus sâĂ©talera donc plus rĂ©guliĂšrement sur le parcours.
Alpha α | Electron ÎČ- | X | Gamma Îł | |
Charge Ă©lectrique | + 2 | - 1 | neutre | neutre |
Parcours dans les tissus vivants | 50 ”m | 5 mm | > 30 cm | > 50 cm |
Ces deux derniers schĂ©mas confirment que le nombre et la rĂ©partition des ionisations au sein des cellules varient suivant la nature et lâĂ©nergie des radiations. Par exemple, sur un parcours de 1 ”m dans un tissu vivant, une particule alpha de 5 MeV va provoquer 3300 ionisations, un Ă©lectron de 1 MeV va provoquer 10 ionisations tandis que des rayons X et gamma ne vont crĂ©er que quelques ionisations.